mardi 26 mai 2009

Le 26 mai bouge tes cannes

Mai 2009 n’embellira pas l’histoire sociale comme on aurait pu l’espérer. A chaque jour pourtant son annonce de casse. Aujourd’hui c’est à Chateaufort, dans les Yvelines, qu’on attend 500 suppressions d’emplois. Ainsi depuis le début de la crise ce sont des dizaines de milliers de travailleurs qui sont jetés chaque mois sur tout le territoire. Allez voir sur « Rue 89 » la carte de la crise sociale. Elle est noire de noir. A la fin de l’année le casino libéral aura fait pas loin d’un million de victimes.

Pourtant on sent se casser la montée de la révolte qui avait fait chauffer les pavés des 19 janvier et 19 mars. Quel assourdissant silence depuis l’infléchissement du 1er mai, comme si un lent fatalisme commençait à gangrener les esprits. A moins que ce ne soient la réussite du lent pourrissement organisé par le pouvoir et son sournois embrigadement sécuritaire. A moins que l’indifférence des encore nantis ou des pas touchés finisse par imprégner le corps social. Dans les médias c’est silence radio. Aucun édito sur la journée du 26 mai. Les journaux ont la une dans les paillettes et les cocoricos cannois. Demain ils seront dans les tribunes à voir passer des baballes dans les lunettes crocodile de Roland Garros. Pendant la crise on veut la crise de rire ou de foie. Et pour beaucoup cela semble très facile.

Alors demain, ce 26 mai qui ressemble à une prolongation de pont dans l’esprit des grands syndicaux plus qu’aux prémisses d’une grève générale risque d’être le baroud de déshonneur d’un abandon des damnés du libéralisme à leur maigre sort. Alors ce 26 mai on risque de payer très cher demain l’addition des réelles ambitions élyséennes. Déjà ce qui ressemble à un échec des mouvements des chercheurs, universitaires, étudiants ou blouses blanches va ouvrir le boulevard des privatisations des universités et hôpitaux. Alors que dans le même temps, la suppression d’un emploi sur deux dans la fonction publique reste l’ambition réaffirmée.

Et pendant ce temps, flattant la peur et l’égoïsme qui vont si bien avec les crises on expulse manu militari, à peine installées, les tentes don quichottistes, des quais parisiens comme les sans papiers ou autre roms envahissants. Et Pendant ce temps, on rafle à la sortie de l’école les supposés petits voleurs de bicyclette, on annonce un flic derrière chaque élève ou cartable. Et Pendant ce temps, on transforme en terroriste le moindre gauchiste, en justiciable le moindre citoyen un peu trop pendu de la langue, en gardé à vue le moindre rêveur. Et pendant ce temps, on moralise en paroles mais on se reprépare en coulisse des lendemains de couilles dorées.

Alors ce 26 mai 2009, si nous leur faisions un sonnant festival de cannes sur leurs planchers pourris.

vendredi 8 mai 2009

La lanterne rouge

Le mai des cachetonneurs de présence, des doreurs de parachutes, des enchanteurs pourrissants, le mai des chevaliers nécrophages, des entrepreneurs de souffrances, des liquidateurs de conscience, le mai des prédateurs anthropophages, des tueurs à cages, des arracheurs de temps, le mai des supplicieurs, des suicideurs, des croque-vie est cette année singulièrement silencieux.
Faut-il qu’ils aient la gêne aux entournures ou bien la peur de la lanterne pour que tous ces aristos coprophages restent le bec cloué devant ce mois de mai qu’il vilipendait jadis pour leur arracher mécaniquement une part de leur barbaque puant la sueur ?
Et pourtant ce mai 2009, deux ans après le sacre du grand travailler plus, du grand bouffeur de 68, du grand bretteur de vent, en rajoute dans la rallonge de la paresse avec un premier et un huit ouvrant dès le jeudi soir les jambes d’un magnifique pont sur la hanche de toutes les mers dansant le long des golfes clairs. Sans compter le Viaduc du jeudi 21 dont les judicieux haubans ascensionnels font monter aux cieux quatre jours durant puis redescendre sur la plage des milliers d’échappés des asiles médéfiens leur préférant les îles crasses de l’improductivité caractérisée et les grasses prairies des matinées arrachées avec les pavés de 36 et 68.
Faut-il qu’ils aient le soir intranquille ou bien le bouclier tremblant pour que tous ces roitelets pyromanes soudain ravalent leurs caquètements de haute-cour, mordent dans leurs velours pour étouffer leurs glapissements exaspérés, quand passe la caravane des prolos.

Tché Gars