samedi 6 juin 2009

Dimanche 7 juin cultivons l’Europe

Mercredi 3 juin, Jolis de Villiers de Santignon s’est invité à 13h50 au café. Cerise sur le gâteau, à 15h27 en plein jardinage. " Bonjour, ici Philippe de Villiers… j’ai un message important, si vous avez une minute…vous et moi nous aimons la Vendée et la France…" Ainsi entre le ravaleur de façade et le cuisiniste, l’agité du bocage, à deux reprises ce jour-là, est venu me brouter la feuille, pour me vendre ses salades brunes et ses carottes recuites. Outre que je ne goûte guère que le premier noblion venu vienne piétiner mes plates-bandes, ce genre d’invasion intempestive du chou me coure grave sur le haricot. D’autant que cette notoire girouette grinçant un jour avec le Cni, un autre avec Pasqua ou l’ex Fn Bompard, s’est tournée aujourd’hui vers l’Irlandais plein d’oseille de Libertas, Declay Ganley après avoir rabattu entre ses chênes la joyeuse bande des chasseurs, pêcheurs, natureurs, traditionneurs et autres tombeurs de palombes pour trouver gros bras à dresser barrières touffues et épineuses répulsives à toutes les têtes de Turc. Programme quelque peu faisandé et indigeste qui réduit l’Europe à une vision de clocher.

Dimanche 7 juin, l’Europe s’invite dans la journée des jardins, ce beau rendez-vous des jardiniers de tous les jours. A entendre les sondages, beaucoup semblent penser que le jardinage commun des parcelles qu’on appelle pays pour arranger une belle terre européenne cousue de cultures et de floraisons diverses mais ouverte est un très vieil arrangement qui ne nécessite ni veille ni passion d’entretien. Pourtant l’idée reste belle de tenter de cultiver sans haies privatives et sur le terreau de nombreux conflits des valeurs historiquement enracinées comme liberté, égalité, fraternité. Encore plus aujourd’hui où la crise stimule les tentations de replis sur les frontières les plus égoïstes. Bien sûr, L’Europe d’aujourd’hui s’est éloignée des idéaux des premiers fondateurs. Elle n’a pas échappé au roundup et au défolient du libéralisme. Elle est bien abimée et demain les radicaux du sécateur risquent de préserver leur chasse gardée. Alors l’urne reste le moyen d’éloigner les rongeurs de liberté, d’empêcher que suceurs libéraux ne ratissent trop large, de faire reverdir l’Europe sociale.

Dimanche 7 juin, L’Europe a suscité nombre de vocations jardinières, 161 listes. Si la plupart contiennent un programme écologique, beaucoup ont placé la survie de la terre et le retour de l’homme arraché à l’économique au centre de leurs questionnements. « Europe écologie », « Notre énergie pour la terre », « Pas question de payer leur crise », « Europe décroissance », « Union des gens », « L’Europe la vie », « La terre sinon rien », « Résistances ». Alors chacun peut trouver son carré où semer sa petite graine et contribuer ainsi à l’embellissement du plus large territoire en raccordant entre eux les jardins intérieurs du plus grand nombre d’hommes unis dans la même ambition de développement des solidarités.

Dimanche 7 juin, choisir l’isolement à l’isoloir, c’est laisser le chiendent des libéraux étouffer notre vraie liberté d’homme debout, c’est laisser la ronce des châtelains détruire nos défenses solidaires.

mardi 26 mai 2009

Le 26 mai bouge tes cannes

Mai 2009 n’embellira pas l’histoire sociale comme on aurait pu l’espérer. A chaque jour pourtant son annonce de casse. Aujourd’hui c’est à Chateaufort, dans les Yvelines, qu’on attend 500 suppressions d’emplois. Ainsi depuis le début de la crise ce sont des dizaines de milliers de travailleurs qui sont jetés chaque mois sur tout le territoire. Allez voir sur « Rue 89 » la carte de la crise sociale. Elle est noire de noir. A la fin de l’année le casino libéral aura fait pas loin d’un million de victimes.

Pourtant on sent se casser la montée de la révolte qui avait fait chauffer les pavés des 19 janvier et 19 mars. Quel assourdissant silence depuis l’infléchissement du 1er mai, comme si un lent fatalisme commençait à gangrener les esprits. A moins que ce ne soient la réussite du lent pourrissement organisé par le pouvoir et son sournois embrigadement sécuritaire. A moins que l’indifférence des encore nantis ou des pas touchés finisse par imprégner le corps social. Dans les médias c’est silence radio. Aucun édito sur la journée du 26 mai. Les journaux ont la une dans les paillettes et les cocoricos cannois. Demain ils seront dans les tribunes à voir passer des baballes dans les lunettes crocodile de Roland Garros. Pendant la crise on veut la crise de rire ou de foie. Et pour beaucoup cela semble très facile.

Alors demain, ce 26 mai qui ressemble à une prolongation de pont dans l’esprit des grands syndicaux plus qu’aux prémisses d’une grève générale risque d’être le baroud de déshonneur d’un abandon des damnés du libéralisme à leur maigre sort. Alors ce 26 mai on risque de payer très cher demain l’addition des réelles ambitions élyséennes. Déjà ce qui ressemble à un échec des mouvements des chercheurs, universitaires, étudiants ou blouses blanches va ouvrir le boulevard des privatisations des universités et hôpitaux. Alors que dans le même temps, la suppression d’un emploi sur deux dans la fonction publique reste l’ambition réaffirmée.

Et pendant ce temps, flattant la peur et l’égoïsme qui vont si bien avec les crises on expulse manu militari, à peine installées, les tentes don quichottistes, des quais parisiens comme les sans papiers ou autre roms envahissants. Et Pendant ce temps, on rafle à la sortie de l’école les supposés petits voleurs de bicyclette, on annonce un flic derrière chaque élève ou cartable. Et Pendant ce temps, on transforme en terroriste le moindre gauchiste, en justiciable le moindre citoyen un peu trop pendu de la langue, en gardé à vue le moindre rêveur. Et pendant ce temps, on moralise en paroles mais on se reprépare en coulisse des lendemains de couilles dorées.

Alors ce 26 mai 2009, si nous leur faisions un sonnant festival de cannes sur leurs planchers pourris.

vendredi 8 mai 2009

La lanterne rouge

Le mai des cachetonneurs de présence, des doreurs de parachutes, des enchanteurs pourrissants, le mai des chevaliers nécrophages, des entrepreneurs de souffrances, des liquidateurs de conscience, le mai des prédateurs anthropophages, des tueurs à cages, des arracheurs de temps, le mai des supplicieurs, des suicideurs, des croque-vie est cette année singulièrement silencieux.
Faut-il qu’ils aient la gêne aux entournures ou bien la peur de la lanterne pour que tous ces aristos coprophages restent le bec cloué devant ce mois de mai qu’il vilipendait jadis pour leur arracher mécaniquement une part de leur barbaque puant la sueur ?
Et pourtant ce mai 2009, deux ans après le sacre du grand travailler plus, du grand bouffeur de 68, du grand bretteur de vent, en rajoute dans la rallonge de la paresse avec un premier et un huit ouvrant dès le jeudi soir les jambes d’un magnifique pont sur la hanche de toutes les mers dansant le long des golfes clairs. Sans compter le Viaduc du jeudi 21 dont les judicieux haubans ascensionnels font monter aux cieux quatre jours durant puis redescendre sur la plage des milliers d’échappés des asiles médéfiens leur préférant les îles crasses de l’improductivité caractérisée et les grasses prairies des matinées arrachées avec les pavés de 36 et 68.
Faut-il qu’ils aient le soir intranquille ou bien le bouclier tremblant pour que tous ces roitelets pyromanes soudain ravalent leurs caquètements de haute-cour, mordent dans leurs velours pour étouffer leurs glapissements exaspérés, quand passe la caravane des prolos.

Tché Gars

mardi 28 avril 2009

Contre les porteurs d’œillères.

                        

            A la veille des Européennes, Sarko et ses apôtres nous retouillent leurs soupes refroidies et populistes, ressortent leurs loqueteux  épouvantails à vieilles pies : immigration et sécurité.

 Ainsi, à la veille de son raout médiatique à Calais, Judas a fait karchérisé le welcome,  faisant interpeller 194 malheureux migrants, tous relâchés par la suite. Dans la foulée notre zélé a promis la fin de la jungle. Visait-il ainsi les criminels de la crise et ceux qui font migrer les milliards  vers les paradis fiscaux ? Nenni, la « jungle », c’est ainsi qu’on surnomme les baraquements et toiles improvisés où tentent de survivre les candidats à un eldorado britannique dont ils ignorent, pour la plupart, la terrible décrépitude.

Ainsi, Fillon a promis sur les ondes de poursuivre tout les Continental ou autres Caterpillar de France et de Navarre tentés de défendre leur peau de manière un peu trop radicale, oubliant au passage les propos pré-électoraux  de son maitre du 3 avril 2007 à Lorient : « Chez les marins…quand on a recours à la violence, ce n’est pas pour se distraire, ce n’est pas pour nuire à autrui, c’est parce qu’on est profondément désespéré, c’est parce qu’on n’a plus de recours et qu’on se sent condamné à la mort économique et sociale…je veux le dire ici, aucune violence n’est acceptable, mais je ne mets pas, et ne mettrai jamais sur le même plan la colère des pêcheurs qui ne veulent pas mourir et la violence gratuite des fraudeurs et des voyous. »

Ainsi, faute d’être un pauvre pêcheur, un jeune homme de 26 ans vient d’être condamné le 21 avril à St-Nazaire à six mois de prison ferme pour avoir, à la fin de la  manifestation du 19 mars dernier, joué un peu trop vivement aux pavés avec les forces de l’ordre établi.

Ainsi, MAM Concocte, pour contenir la soupape, deux décrets organisant la rafle des jeunes en bande et la chasse aux encagoulés et autres porteurs de foulards des fins de manif.

 

Flatter le reflexe sécuritaire est toujours électoralement payant, mais ces moulinets médiatiques, cette aggravation de l’arsenal répressif, ne traduisent-ils pas la peur exprimée le 19 avril par D de Villepin : « oui, il y a un risque révolutionnaire en France » et ne visent-ils pas, en réalité, à refroidir le chaudron à quelques jours d’un mai toujours symbolique.

Mais où sont les mesures attendues depuis des années pour revitaliser les banlieues et susceptibles de répondre à l’exclusion de ces jeunes qui trouvent leur survie dans l’abri des bandes ?

Mais, au-delà des discours, où sont les mesures pour répondre à la véritable insécurité de la vie sociale, l’insécurité du travail, l’insécurité du lendemain pour des millions de famille ? Sur l’échelle des violences incriminées, casse d’une sous-préfecture ou séquestration, où cocher le drame, la mise à mort personnelle et sociale que représente le fait d’être lourdé de son entreprise ? Quand, dans le même temps, les responsables de la crise continuent de se payer grassement. Quand, dans le même temps, la défense de l’inégalité,  comme à travers le bouclier fiscal, reste inscrite dans les gènes de nos bling-bling.

Mais au-delà des effets d’annonce, où sont les mesures d’ampleur susceptibles de réparer la fracture avec la jeunesse prise massivement dans l’étau de la crise ? 1,3 milliards d’euros sur la table des patrons quand les banquiers en avaient reçus 40 à l’automne. Sauf qu’aujourd’hui, le taux de chômage chez les jeunes représente 23%. Sauf que jusqu’à 25 ans, privés de toute aide de l’état, ils sont livrés à la débrouille et la survie ou l’aumône parentale. Sauf qu’ils sont les victimes d’un véritable bizutage social et racket du marché du travail, à travers, particulièrement, les stages qui sont passés en peu de mois de 800000 à 1200000. Sauf qu’ils sont livrés à un terrible parcours du combattant, stage, cdd, chômage, formation, cdd, chômage, faute de pouvoir répondre souvent à une exigence d’expérience scandaleusement exigée par ces employeurs qui justement précarisent leur emploi.

C’est à cette insécurité de la jeunesse, à cette intolérable violence qui lui est faite, à sa séquestration  dans le précaire, à sa véritable casse d’avenir que Sarko et ses sinistres devraient répondre, au lieu de chercher, à travers la stigmatisation des victimes d’un système qu’ils on toujours défendu, la protection de leurs intérêts.

Au lieu d’un décret contre les cagoules nous avons d’urgence besoin d’un décret contre les œillères.

 Tché Gars

jeudi 2 avril 2009

Travailler tue

Le 26 mars 2009, un salarié de l’usine de porcelaine Deshoulières à Chauvigny s’est donné la mort, laissant une lettre expliquant sa décision par la trop grande pression professionnelle qu’il subissait. Ce salarié était délégué syndical et son geste intervient après un plan social très dur et des mois de lutte qui n’ont permis de sauver qu’une dizaine d’emplois sur les 82 licenciements programmés.


Pour ce cas qui émerge dans les médias, combien de suicides relatifs au travail sont simplement étouffés ou transformés en suicides pour des raisons privées. En effet, la plupart des désespérés ne se suppriment pas sur leur lieu de travail et ne laissent pas d’explications à leur acte.


Pourtant les suicidés du travail son nombreux, les statistiques parlent de un par jour, dans tous les métiers et niveaux d’emploi. Depuis des années, le monde du travail, à l’heure libérale est mis en accusation. Les entreprises contraignent leurs salariés à une course folle à la productivité et à la rentabilité. Le patronat dans un délire de compétitivité et de rémunération des actionnaires pilote ses troupes dans un climat permanent de guerre économique. Alors les salariés individualisés dans leur rémunérations, isolés dans la réalisation de leurs objectifs subissent une pression croissante qui les mènent à un stress de plus en plus déstabilisant et à une fragilisation dangereuse. Tous ne se suicident pas mais combien sont malades, connaissent de graves dépressions, se droguent ou prennent des tranquillisants.


Et ce n’est pas le terrible moment que nous vivons avec ses faillites et restructurations qui va améliorer ces conditions impitoyables avec leurs tristes conséquences sur la santé des salariés. Certaines études tendent à établir qu’une augmentation de 1% du chômage entraine une hausse de 4 à 5% des suicides.


Alors se pose de nouveau la question du travail et de son contenu. La crise en cours doit être l’occasion de revenir à l’esprit de ce slogan de mai 68 : « ne pas perdre sa vie à la gagner ». Bien sûr sa lecture au premier degré éclaire très crûment le suicide au travail. Mais il s’agissait à l’époque de poser la question du sens du travail. Avec le temps, le travailleur est devenu ressource humaine, exploité avec la même férocité que les ressources naturelles. La personne a disparu des entreprises remplacée par un individu à la recherche de la maximation de son intérêt personnel. Avec le temps la valeur collective du travail a disparu. Avec le temps la société est rentrée dans la seule logique de la consommation pour la consommation, inventant au passage les besoins qui font chauffer la machine capitaliste et enferment les salariés dans le « travailler plus », toujours avec plus de pression pour en réalité perdre plus.


Cette crise doit être l’occasion de remettre en cause cet esclavage moderne. Le travail doit retrouver son esprit d’intégration dans le tissu social et de réalisation. L’entreprise doit redevenir un lieu de respect des personnes et de recherche des meilleures conditions de travail. Le « travailler plus » conduisant à la marchandisation des hommes comme de tous les biens doit devenir un « travailler tous » en réduisant fortement le temps de travail pour retrouver le temps de gagner sa vie dans l’épanouissement de ses propres passions, le temps de ses suppléments d’âme.


Cette crise doit être l’occasion d’une réappropriation collective du sens du travail et donc du sens de notre société.

Tché Gars

vendredi 27 mars 2009

La Trouille du grand soir

 Mesurez-vous que le pays a les nerfs à fleur de peau, que les citoyens ont le sentiment, fût-il erroné, de subir une crise dont nous sommes tous à leurs yeux les fautifs ? Ignorez- vous que la quête des boucs émissaires est une constante de notre histoire et que 1789 se joue en 1788 ? Sentez-vous le grondement populiste, la rancœur des aigris mais aussi le sentiment d’iniquité qui parcourt, comme une lame de fond, le pays ? Voilà la dernière tribune adressée par Alain Minc à ses amis patrons et financiers.
Comment ne pas se réjouir de sentir dans les propos de cet éternel opportuniste une vraie trouille de voir, de nouveau, rouler sur le pavé parisien les têtes de quelques uns de ses amis, la sienne peut-être. Comment ne pas rire de le voir défausser de toute responsabilités ses complices du libéralisme le plus sauvage, vrais faux fautifs, boucs émissaires, que d’affreux populistes, de rancuniers aigris guettent le couteau entre les dents. Comment ne pas se réjouir que des cauchemars de grand soir puissent hanter leur nuit de satin ?
Oui Monsieur Minc et ceux de votre classe dirigeante le danger est à vos portes. Pendant des décennies vous avez capitalisé sur l’instumentalisation des ressources humaines, pendant des décennies vous avez édifié un modèle économique avec pour seule finalité l’accumulation de biens et l’augmentation du profit, détruisant lentement la planète. Pendant des décennies, vous avez arraché des esprits, en ne mesurant la réussite individuelle qu’à l’aune des avoirs, toutes les valeurs collectives, notamment la solidarité. Dans vos entreprises, l’individu est nié, soumis à la seule satisfaction des actionnaires. Pendant des décennies vous n’avez bâti qu’un château de sable capitaliste. Et vous voudriez que les milliers de travailleurs qui sont, tous les jours, lourdés de votre système n’aient pas de rancœur ? Et vous voudriez que les jeunes qui bouchent les pôles emploi n’aient pas comme un petit sentiment d’iniquité ?
Oui, pendant des années, la hantise de votre chômage a freiné les barricades, mais maintenant que votre idéologie est à terre, la peur du lendemain va peut-être changer de camp. Avec quatre millions de chômeurs bientôt et leurs familles à côté ça fait du monde face à votre classe dirigeante… 


Tché Gars

mercredi 11 mars 2009

En attendant le grand soir poétique

Dans L’hiver 1976, dans « Vers le matin des cerises », voilà ce qu’écrivait le grand poète André Laude, récemment disparu :

 

            Une haine folle ravageuse de plus en plus souvent m’inonde

            une haine vigoureuse comme une marée

            une haine plus haute que les tours des architectes modernes

            une haine pour tous ceux qui à coups de haine détruisent

            le temps et la face de l’homme.

 

            …une haine comme un fleuve qui un jour

            entrera dans la ville

            où les hommes danseront pour la neuve liberté

            et plantera enfin un chêne clair dans le sol fertile

           

             En cet hiver 2009, Certains jeunes, pour survivre, s’invitent aux buffets des vernissages, vendent leurs petites culottes sur internet. On parle de combines pour temps de crise, presque avec le sourire...

            Aux Etats-Unis, on a constaté une augmentation de 30% des dons de sperme…

            Mais derrière, qui va fouiller dans le don d’organes, dans la prostitution ?  

 

            Il y a quelques semaines un jeune diplômé sans emploi, après cinq mois de recherche, vingt entretiens et « 300 candidatures » s’était mis lui-même aux enchères sur eBay. Il y a quelques jours un senior ex directeur financier au chômage proposait à un éventuel futur employeur un « bon de réduction » de 50000 euros sur son embauche (500 euros par mois sur environ dix ans). Ce sont, bien sûr, des cas isolés médiatisés, mais qui mettent en confrontation la violence de la société et la dignité humaine, car ces actes risquent d’appeler à la surenchère. Verra-t-on demain dans les locaux d’un pôle emploi, un jeune menacer de s’immoler ?

                        Un récent reportage télévisé montrait l’organisation de marchés sauvages dans la capitale où des pauvres proposaient à des plus pauvres pour quelques euros des produits alimentaires périmés, venant de la grande distribution.

 

            En attendant le large fleuve nettoyant les écuries financières et le grand soir poétique, récemment appelé par les écrivains ultramarins, Patrick Chamoiseau ou Edouard Glissant, reprenons un peu de Jean L’Anselme qui dans son « Discours sur la poésie », à propos de l’utilité de la poésie écrivait : « Si on me demande si la poésie est utile, je réponds que Baudelaire me fait sourire quand il affirme qu’il peut se passer de manger pendant plusieurs jours, mais qu’il ne pourrait pas vivre sans un jour de poésie. Je pense, moi, qu’entre un bol de riz et un livre de poèmes, il faut d’abord dévorer le bol de riz  mais, qu’à partir de ce moment, le livre de poésie a alors, autant d’importance que le bol de riz. »

Tché Gars

mardi 3 mars 2009

Réalité télé

 

            Certains soirs de vigilance sans doute trop rincée par une journée perdue, on se surprend à ouvrir machinalement l’eau tiède du 20 heures. Et là on découvre un visage dont les yeux vous fuient pour l’aimant d’un prompteur et dont les lèvres bruitent un surgissement d’images d’un accompagnement verbal le plus morne possible pour ne pas troubler le bruit des bouches qui volent de soupe en poires. Et là on s’installe dans l’ingurgitation, de minutes en minutes, de sujets qui vont régulièrement vous brûler l’estomac, vous soulever le cœur, vous filer des bouffées de colère, gâcher définitivement  un jour que vous saviez déjà marqué à la pierre noire. Alors qu’on se croyait déjà bien préparé aux ruines du monde, à ses frénésies grossières, à ses clinquants provocants, alors qu’on s’imaginait blindé à la barbarie et à la bêtise humaine, on voit s’excaver toujours plus le sol de notre dignité.

            Ainsi au journal du 25 février 2009, il fallait avaler, en hors d’œuvre, l’indigeste bond des nouveaux chômeurs de janvier, 90000, mais lifté dans la tonalité d’une annonce du nombre de spectateurs d’un quelconque spectacle et éteint par une futile Interview de la ministre Lagarde, en plat principal l’écœurante mais réelle dernière histoire belge, l’organisation d’un concours Miss SDF Belgique 2009 et pour finir, diamant sur le dessert, la vente de Pierre Bergé et ses 375 millions d’euros sortis des poches dorées d’Asie, de Russie ou du Moyen Orient.

            Ce soir là, bien barbouillé, ont tourné et retourné dans mon cœur les visages de ces nouveaux 90000 exclus du sinistre « travailler plus » malheureux futurs locataires du pôle emploi, submergés devant leur écran par cette vague ostentatoire d’argent et marqués par la mascarade de la misère des rues belges et j’ai eu envie de gerber sur cette sinistre lucarne du monde.     

Tché Gars

mardi 24 février 2009

BERGER DE SEPT LIEUES

 

            L’autre soir, à « la grande librairie », un homme crevait l’écran : John Berger, avec sa gueule de pâtre savoyard, aux yeux d’eau de roche. Notre Berger est, en fait, Anglais mais partage ses vies entre Paris, la Haute-Savoie et beaucoup de pays, plutôt en souffrance, comme récemment la Cisjordanie. Car ce Monsieur né en 1926 à Londres est un citoyen engagé du monde, aux multiples combats livrés dans l’écriture. Son dernier livre, titré « de A à X », prend la forme de lettres qu’une femme adresse à son amant, condamné et emprisonné pour actes de terrorisme, dans un pays autoritaire matant toute rébellion politique.

            « Un livre, pour moi,-dit-il dans un  récent interview dans Télérama-, ne commence ni avec une idée ni avec un personnage. Mais avec la prise de conscience  qu’un silence demande à être rempli. Dans le cas de ce livre, le silence en question, c’est peut-être celui qui entoure la vie personnelle, intime, affective, secrète, des milliers ou millions de gens que, partout dans le monde, on appelle des terroristes ». Des terroristes comme nos pâtres Français buveurs de lait des Mille vaches, ayant eu le tort de trop regarder passer les trains ou ce journaliste Irakien, actuellement jugé, lanceur de pompes sur le funèbre va-t-en-guerre viré par Obama.

            L’autre soir, justement, notre écrivain de cuir, John Berger a utilisé un symbole identique pour mieux résumer son livre. Sortie de dessous sa chaise, il a longuement montré à la caméra  une chaussure de sport usagée, comme celle portée chez lui par l’amant de son livre avant son emprisonnement. Une basket, retournée sous toutes les coutures de sa vie, caressée à plein d’occasions par les yeux de l’amante, pour dire toute l’horreur de la séparation, l’insupportable arrachement rappelé, sans cesse, par ces choses de l’existence qui sont le tissu du corps aimé dont on ignore le moment de retour, de recollement. Voilà  comment un grand écrivain de sept lieues nous aide à chausser les bottes de la résistance.

Tché Gars

vendredi 20 février 2009

FAUT PAS NOUS PRENDRE POUR DES TETES DE L’ART !

 

            Connaissez-vous Jeff  Koons ? Peut-être alors ses œuvres ? Non ? On dit que c’est l’artiste contemporain le plus cher au monde. Ainsi sa dernière œuvre « Ballon flower » a été adjugée récemment pour 16 millions d’euros. De septembre à janvier, il a envahi le château de Versailles, avec des sculptures géantes et kitsch, dans le jardin, « Split- Rocker », une sculpture de 12 mètres de haut composée de 90000 fleurs, dans diverses salles, entre autres, un homard géant en aluminium, un lapin en acier, une panthère rose ou un Mickael Jackson en porcelaine. Ca ressemble à des jouets de mauvais goût, à des objets de bazar monumentalisés, clinquants, faits pour épater la galerie et briller dans les salons des très richissimes collectionneurs.

            Connaissez-vous Jean-Jacques Aillagon ? Mais si, cet ancien ministre de la culture qu’on voyait régulièrement se faire interpeller par les intermittents le soir de la cérémonie des césars. C’est lui qui préside maintenant le domaine de Versailles et a donc invité Jeff Koons.

    Avant Versailles, il était à Venise et dirigeait le Palazzo Grassi, propriété de François Pinault.

            Connaissez-vous François Pinault ? Oui c’est le grand patron Breton parti de pas grand-chose, genre Tapie futé, ami des politiques, des Giscard, Chirac ou Sarkosy. Après avoir bâti PPR ( Pinault Printemps Redoute), il a investi dans le luxe avec Gucci. Aujourd’hui il a placé son fils à la tête d’un groupe dont on dit qu’il contrôle environ 43% et il se consacre avec sa fortune estimée la dixième en Europe essentiellement à sa grande passion : l’art moderne et contemporain qu’il présente donc dans son palais de Venise et parmi ses pièces, plusieurs Jeff Koons dont un chien éléphantesque qu’on retrouve à… Versailles.

            Connaissez-vous la Fnac ou Conforama ? Ce sont des enseignes du groupe PPR qui vient d’annoncer pour 2008, un résultat net de 924 millions d’euros. Ce sont des enseignes dans lesquelles le PDG vient de programmer la disparition de 1200 emplois. Crise ? Ou réponse à la chute du cours boursier et donc à l’éventuelle rente des actionnaires et du principal qui du coup pourrait plus difficilement s’acheter ses jouets Koons ? Allez, comme un bonheur est si vite arrivé, il parait que le marché de l’art est, lui aussi, au bord de la crise et qu’il va s’écrouler. Et tant qu’il y aura des amis pour exposer les Jeff Koons dans des lieux  susceptibles de frapper les médias et ainsi protéger les cotes, les milliardaires peuvent spéculer tranquilles sous les yeux ébahis des chômeurs venus à Versailles pour tuer le temps.

Tché gars

mercredi 18 février 2009

BILL LE RENFLOUEUR

 

            Par ces temps de crise, le malheur des uns peut exciter les neurones des autres. Après Joe le «plombier», le plus célèbre déboucheur d’idées de John Mac Caine, voilà «bailout Bill», Bill «le  renfloueur». Ce citoyen américain vient de distribuer en quelques jours quelques 500000 dollars dans quatre villes : New York, Washington, boston et Philadelphie. Ainsi, à New York, il a accordé à près de 800 personnes de 50 à 3000 dollars en deux jours à un guichet improvisé en pleine rue. Les bénéficiaires potentiels devaient auparavant étaler leurs problèmes devant le micro et la caméra d’un assistant, le montant attribué étant apprécié à l’aune des détresses.

 Alors nouveau messie multipliant les billets verts ? Richissime fakir de la planche à monnaie ? Clone de Bill Gates ayant fumé toute la moquette de la Maison Blanche ? Non, simplement  petit malin faisant la promotion de son site internet de rencontres et ayant calculé que ces quelques milliers de dollars, lui feraient une publicité, dans tous le pays et même à l’extérieur, bien plus grande que quelques spots à la télé.

            Voilà qui devrait, sans aucun doute, donner des idées, à beaucoup. Ainsi pourrait-on voir, bientôt, pour renflouer leur image et se refaire une virginité, les patrons du Cac 40 distribuer leur bonus et autre parachute doré sur le trottoir de leur entreprise, les chefs de la grande distribution  leurs marges arrière, les différentes mafias leur argent sale… en espérant  que ce ne soit pas monnaie de singe.

 

Tché gars

mardi 17 février 2009

ATTENTION PEINTURE FRAICHE

 

             Voilà de retour ce 14 février la St Valentin et la fête des fleuristes, bijoutiers, parfumeurs et autres restaurateurs. Mais sont-ils eux-mêmes amoureux tous ces marchands de bonheur tarifé ? Dis c’est quand la fête de ceux qui sont pas amoureux ? La St Glin-glin pourrait convenir et ferait se frotter les mains des marchands de cordes, creuseurs de puits, armuriers et autres bonimenteurs à tarots. Ce pourrait être la St Valentine et la fête de tous les marchands de couleurs pour tous ceux qui ne peuvent pas ou plus se voir en peinture et choisiraient ce jour pour repeindre leur existence du sol au plafond, se mettre au vert, broyer définitivement du noir ou regarder la vie en rose. Bien sûr l’amour se consomme comme il se consume mais lui faut-il une date totem plutôt que la longueur du temps, la langueur des jours, la douceur des bécots sur la peinture fraiche des bancs publics au hasard du calendrier du cœur.

 

Tché gars

 

lundi 16 février 2009

LA VIE AU FIL DES MOTS

 

«  Qui n’a pas rêvé, en flânant  sur le boulevard des villes, d’un monde qui, au lieu de commencer avec la parole, débuterait avec les intentions ? »

C’est un très récent fait divers qui m’a conduit à cette très belle phrase de René Char : Le 11 février une internaute de Carros dans les Alpes-Maritimes, en consultant un site dédié à la poésie, Je poème.com, s’est alertée du message d’une utilisatrice exprimant son intention de mettre fin à ses jours. La gendarmerie prévenue, après identification de la personne, malgré son utilisation d’un pseudo, grâce à la chaîne des autres utilisateurs, a fini par la localiser en Vendée. La victime  trouvée inconsciente après absorption de somnifères additionnés d’alcool  a  ainsi été sauvée. C’était une femme seule vivant avec un enfant handicapé.

En confiant son intention au réseau poétique, la désespérée, inconsciemment n’espérait-elle pas voir sous son immense douleur se nouer les mains tachées d’encre de tous les amis Pierrot, se tendre la toile des mots de tous les marcheurs sur la lune, de tous les amoureux d’un monde en concordance avec leurs rêves. A t-elle voulu confier sa vie trop lourde au pollen  de tous les poèmes d’amour ? Voulait-elle en finir avec la parole pour revenir au premier cri du monde ?

Avait-elle lu cette autre phrase de René Char : « Parfois j’imagine qu’il serait bon de se noyer à la surface d’un étang où nulle barque ne s’aventurerait. Ensuite, ressusciter dans le courant d’un vrai torrent où tes couleurs bouillonneraient. » ?

 

 

Tché gars

mardi 3 février 2009

Vos gueules les mouettes !

 

            Depuis le regretté Reiser la vie des bêtes ne s’est guère améliorée, elle aurait plutôt  empiré. Ainsi hier, pouvait-on voir, au journal de la 2, de pauvres oies se faire plumer vivantes en Hongrie pour aller gonfler les couettes douillettes de nos amis Suédois horrifiés à la vue de ce reportage tourné en caméra caché. Pourquoi vivantes, simplement parce que le duvet repoussant, les bourreaux peuvent ainsi espérer les plumer au moins quatre fois avant leur mort. Alors me direz-vous, les terribles images de Gaza à peine sèches, est-il logique de s’apitoyer sur le sort des oies hongroises, de leurs sœurs au foie gras, des poulets en batterie, des visons à fourrure, des taureaux des arènes, des chiens chinois, des baleines nippones et autres chats et singes des cosmétiques ? Peut-être pas de s’apitoyer mais logique de dénoncer le sort fait à tous ces animaux au nom de l’économique, du plaisir et du loisir. Ce qui est en jeu c’est l’exploitation organisée de l’animal à des fins de bonheur humain. Ce qui est en jeu, c’est la dégradation du degré de civilisation de nos comportements.

            Heureusement, l’Homme a ses semblables pour se rattraper et étaler ses faces civilisées. Heureusement, il paraît  inconcevable de voir sur nos écrans des hommes plumer par d’autres, réduits en esclavage économique ou sexuel, enrôlés même enfants dans des guerres, torturés à Guantanamo ou ailleurs. Heureusement l’exploitation ordinaire de l’Homme par l’Homme dans le monde du travail n’est qu’une allégation syndicale. Et puis que dire de ces horribles chevaux qui obligent de pauvres jockeys à franchir des obstacles ou de ce terrible bichon maltais Sumo qui vient de lâchement mordre notre ancien président Jacques Chirac ?

 

Tché gars  

lundi 2 février 2009

Du bruit dans l’aquarium

 

Il y a quelque temps, mon camarade Lamartine s’interrogeait pour savoir si les objets inanimés avaient une âme. Aujourd’hui et après quelques récitations hésitantes, je crois malheureusement que nous pouvons répondre sans hésitation oui mille fois oui, notre âme.

            Les objets ont ravi notre âme depuis quelques décennies, transformant la plupart d’entre nous en compulsifs consommateurs, beaucoup trouvant même dans le renouvellement  incessant et l’accumulation leur seul moteur de réalisation.

            Parmi les fétiches à la mode, regardons l’écran plat. Il y a encore peu d’années, la télé se tenait dans un meuble, était retenu. Elle causait essentiellement au moment des repas, avant d’envahir le quotidien des ménagères de plus de cinquante ans engluées dans l’or noir de Dallas. Et puis la télé a débordé comme un lait sur les feux de l’amour devenant l’âme qui vive des maisons. Aujourd’hui la voilà crevant les murs comme le passe-muraille de Marcel Aymé, la voilà pratiquement dévorant les murs, élargissant considérablement la misère dans nos assiettes. Mais bizarrement un S.D.F, pratiquement grandeur nature, faisant les poubelles dans nos salons, passe aussi inaperçu dans le plasma que quand  il était serré dans les cinquante centimètres des tubes cathodiques. Comme si, plus cet objet s’agrandit, plus se rétrécit notre âme. Sans parler du cœur dont les oscillations compassionnelles épousent leur platitude toujours plus grande.

            La télé est devenue un vaste aquarium dans lequel nous regardons avec la plus froide indifférence évoluer, s’entre-dévorer ou se noyer les hommes. De temps en temps, on émiette quelques téléthons au dessus de l’eau par reflexe et bonne conscience.

 

Tché gars

dimanche 1 février 2009

Chronique de l’amour ordinaire

C’est aujourd’hui dimanche comme une ancienne chanson que chantait mon papa avec des roses blanches, une chanson triste, autre chanson que me chantait ma maman reprenant Salvador, dimanche et de surcroit le début d’un nouveau mois, février et ses 28 jours qui compriment le temps et dilatent le nez dans les premiers signes du printemps, primevères  ou violettes. Violettes impériales un autre air d’opéra que poussait aussi mon papa qui avait une très  belle voix qu’il vouait beaucoup trop à mon goût à l’encens et aux vitraux.

            Dimanche, donc où je voudrais vous parler d’amour, pas celui des cieux mais le délicieux, celui des caprices des dieux, de la volupté amoureuse, celui du palais (pas du Brongniart) et des lèvres. Cet amour dans lequel il faudrait tout entier nous investir au lieu de  nous travestir dès le lundi ou le mardi au long de nos journées.

            A Nantes justement où règne aussi la haine ordinaire, ce sont les folles journées autour de Bach, l’amour encore dans le partage de la musique, l’amour dans l’écoute de la petite musique (merci aussi Mozart) particulière de chacun. Pourquoi « folle » journée, je ne sais pas, peut-être pour opposer à normal une journée sans musique, une journée de bruit, une journée perdue pour sa petite musique, de gagne-pain. Mais ne devrait-on pas penser « folles » ces journées justement sans amour.

Tché gars         

mercredi 28 janvier 2009

LE 29 TEMPETE DE JOIE

Après les tempêtes financière et météorologique, en gros de l’enfer et du ciel, voici celle de la terre, des travailleurs. Il va falloir lui trouver un nom, car traditionnellement chaque fâcherie naturelle reçoit un nom, souvent d’ailleurs un prénom comme « Willy » ou « Catherine ».

On pourrait l’appeler « Nicolas », on voit pourquoi… Mais, pour ma part,  je proposerai : « Eric » car je trouve qu’il est de mode. Il fait penser à ce Besson, gentil traitre du P.S  qui en remerciement de sa migration vers l’UMP, vient de se voir confier le portefeuille de l’immigration. Et en parlant de portefeuille, nous arrivons à notre second Eric, Woerth de son nom et ministre du budget qui vient de déclarer, à propos du 29, « regretter ce mode d’expression traditionnel…mais le respecter… ». Propos qui confirme l’état d’esprit régressif et répressif de nos dirigeants actuels. 

Bientôt vous verrez on entendra : « je regrette ce mode d’utilisation du code du travail…mais je le respecte ; Jusqu’au jour où on fera, en pleine canicule, discrètement passer un amendement quelconque réduisant ce qui aura été respecté mais jugé regrettable…

Alors le 29, il serait regrettable que tous les damnés de la terre, du ciel et des enfers ne descendent pas arpenter la rue et les caniveaux qu’ils respectent.

Tché Gars

mardi 27 janvier 2009

Le 29, PRENONS L’AIR FRAIS

Le rusé et patient Bertrand, petit nommé Xavier (pas vu Mirza) qui attend en embuscade son heure à de futures présidentielles a été installé dimanche par notre calife sur le trône de l’UMP. Information mineure ?, dérisoire ? Peut-être pas pour quelqu’un qui se rêve aussi le maitre du monde (après lui- même, bien sûr) et donc veut disposer d’un vrai parti de godillots un peu trop turbulent ? ces derniers temps.

Ce gros entrelardé de suffisance, bouddha cachant mal derrière ses moues ses griffes acérées de raminagrobis, à propos de la grève de jeudi à venir revient encore sur le dernier vote des Français pour légitimer l’action du petit Napoléon de Neuilly. C’est toujours passer sous silence qu’une moitié des Français n’ont pas voté pour lui, alors ceux-là n’ont qu’à la fermer…ils ne sont pas légitimes…c’est aussi oublier que beaucoup de ceux qui ont voté n’ont surement pas voté pour ce qui est fait et les turpitudes médiatiques de l’enragé de la posture et le démangé de la représentation… mais simplement parce que sociologiquement ils sont de droite, sans oublier ceux qui ont simplement voté contre sœur Ségolène …l’icône qui a inspiré Obama…on les comprend hélas de plus en plus.

Si l’un au pouvoir nous exaspère, l’autre nous aurait sans doute désespérés.

 

En tout cas, face à celui qui, il y a peu, proclamait : « il faut travailler plus pour gagner plus » et qui ne pose que des cautères de milliards sur la jambe de bois du capitalisme en défendant encore des mesures imbéciles telles les heures supplémentaires ou autres résidus deTEPA au moment où c’est le travail qui redevient en question.et que ce sont nombre de chômeurs qui vont faire des heures supplémentaires …à l’Assedic, il faut ce 29 janvier tous sortir dans la rue pour exiger un changement de régime et revenir à une gouvernance prenant réellement en compte la souffrance en cours et à venir dans des mesures de sécurisation de l’emploi, d’augmentation du pouvoir d’achat, de retour juste non aux actionnaires mais aux dites, par le patronat, ressources humaines, de lutte contre le chômage, notamment en arrêtant la casse des services publics et de la réduction du temps de travail.

En tout cas il faut ce 29 janvier sortir dans la rue, ne serait-ce que pour changer d’air, respirer un peu entre deux bouffées de stress, entendre battre d’autres cœurs solidaires, pour revenir gonfler et souffler dans toutes les baudruches qui nous pompent l’oxygène.

Tché Gars

lundi 26 janvier 2009

Le renard à l’aPauget

Ce jour 26/01/2009, le Crédit Agricole par la voix dorée de son très grand Directeur général  vient d’annoncer d’une part qu’il était en train de finaliser avec la Société Générale un accord de rapprochement de leurs activités respectives de gestion d’actifs, d’autre part  qu’il ne ferait pas appel au deuxième plan d’aide de 10,5 milliards de l’état.

            Concernant la première décision, et au vu des cours des interlocuteurs, il est surement  permis de spéculer sur une opération future, de bien plus grande envergure, type fusion passée avec le Lyonnais et là bonjour les dégâts sociaux…

            La deuxième décision est moins surprenante. Souvenez-vous, il y a peu de temps notre souverain à talonnettes avait convoqué méchamment tous les dirigeants des grandes banques à l’Elysée, au moment même d’ailleurs de l’investiture d’Obama,( vexé sans doute de n’avoir  pas reçu d’invitation), pour les engueuler (vertement concernant le CA) et les contraindre à renoncer à leur parachute et autres bonus et réduire drastiquement les dividendes dans la mesure où ils avaient appelé l’état et nos deniers à leur secours. Et notre Pauget d’être fort marri devant cette bise s’annonçant pour lui et les actionnaires dont les caisses régionales en premier.

Alors comment ne pas faire un autre rapprochement et imaginer que notre big boss en déclinant l’aide de l’état, cette fois, tente de retrouver quelque parachute et bonus et justifier le versement futur de dividendes. Malin le bonhomme, reste à savoir si le petit Nicolas restera dans sa boite sans réagir au moment venu. En tout cas qui ne tente rien n’a rien.

            Surtout que l’ami Pauget voit sans doute bien plus loin…en 2010. Car si les résultats de 2008 seront ce qu’ils sont mais seront, ceux de 2009 risquent de crier famine dans les caisses régionales dans la conjoncture économique actuelle et si en plus elles sont privées des dividendes du groupe qui concourent significativement à leur résultat…

            Non il y a gros à parier que notre banquier est fine mouche, qu’il préfère renoncer au parachute de l’état  pour rester cigale et chanter tout l’été, espérant  des beaux jours des jours meilleurs, une Carla brunie et un président en Ray-ban regardant la France en dessous du nombril.

 

 Tché gars

POMPES FUNEBRES

Bientôt le temps sera au bilan, celui de l’année 2008. Et probablement que tous les commentateurs la jugeront comme la pire depuis 1929 ; La faute aux treize lunes…mon cul si j’ose dire à ce propos...la lune aura bon dos. Car c’est bien certains terriens qu’il faut incriminer, ceux justement qui tire des plans sur la lune en pensant que l’arbre de l’argent peut monter au ciel ( tiens, ça me rappelle quelques années en arrière l’arbre stratégique maison de l’avant plan d’orientation). 

En tout cas ces messieurs cravatés et donneurs de leçons d’économie vont sans doute, malgré tout, enguirlander leur demeure cossue en cette période dite de fête…et au pied de leur sapin qui monte en haut de leur gentillet toit déposer leurs gros souliers. 

Et là, on  souhaiterait tant qu’un père Noël journaliste Irakien débarque de la suie pour leur balancer en pleine figure leurs prétentieuses godasses, celles avec lesquelles, toute l’année, ils nous ont marché dessus, écrasé comme des merdes les va-nu-pieds. 

Le bilan de 2008 sera la dépose de combien de bilans. Surement celui du capitalisme et ses gangs de mafieux à 50 milliards de dollars mais celui aussi, malheureusement de la morale. Car la faillite du système économique repose sur la faillite des valeurs. Ainsi de ce mot « libéral »qui brûle aujourd’hui la bouche de ceux qui le drapaient dans la liberté d’entreprendre, quand dans leur petit cerveau pétillait l’appât de la réussite, du gain facile en fermant les yeux sur leur liberté d’exploiter. 

Même les jeux olympiques ne sauveront pas cette foutue année. Car à la sandale du Dalaï Lama  on a préféré la botte Chinoise. Encore une savate qui se perd  contre l’homme à talonnettes. 

Ce qui serait chouette en cette fin de règne, c’est qu’on vide les prisons des voleurs de quatre sous, pour y mettre aux tisons tous ses joueurs de la finance qui en cassant leur jouet vont jeter sur le carreau des tas de nouveaux pauvres. Un bon coup de pied au cul  et les lacets enlevés les remettraient les pieds sur terre. Mais faut pas rêver, ces mecs s’en tireront avec seulement quelques engelures au portefeuille. 

Alors faut-il désespérer ? non car 2009 sera sans doute pire…

Tché Gars

Conditions d’exercice de sa propre aliénation :

Il y a quelques mois, nombre de salariés étaient entrés en résistance contre l’idée d’objectifs individuels et de suivis individuels de leur production. La Direction avait alors, stratégiquement, pour calmer les esprits, suspendu ses décisions en la matière.

            Et voilà, naturellement que l’individualisation s’inscrit de nouveau dans les conditions contractuelles des métiers du réseau. Autrement dit, nous sommes devant une nouvelle manipulation de La Direction., entamant gravement la confiance des salariés.  Elle qui veut inscrire sa future démarche dans le développement de «  l’esprit d’équipe », « le travail en modes collectif et participatif », met en place des systèmes et outils justement privatifs d’une telle ambition.

            Comment peut-elle concilier le fait de faire appel à l’initiative de chacun, à son intelligence et à sa responsabilité et en même temps lui imposer des conditions tellement encadrées et surveillées, qu’il ne lui reste aucun espace de liberté ? Comment  prétendre espérer un mode de travail collectif quand on pousse chaque collaborateur à gérer d’abord ses propres résultats et donc sa réussite personnelle ? Comment oser soutenir qu’on souhaite un mode participatif quand on exige du salarié une atteinte d’objectifs à la détermination desquels il n’a pas son mot à dire ?

La seule autonomie laissée au salarié, du coup, est celle de sa propre exploitation. Enrobé d’un beau discours, organisé autour d’un pseudo épanouissement au travail, l’idéologie patronale vise à culpabiliser le collaborateur en cas d’écart entre ses résultats et ceux attendus en début d’année, dans la mesure où on lui fait croire qu’il est le premier acteur de la réussite collective, passant sous silence le marché, les organisations, les diverses pollutions administratives, la qualité et l’opportunité des produits.

Il est donc capital de décortiquer la manipulation qui se cache derrière chaque charte d’innov’action collective et tout plan stratégique, quand dans le quotidien, les systèmes d’organisation du travail et leurs attendus contredisent la belle rhétorique séduisante des Directions.

Aujourd’hui, plus simplement encore, après la déroute économique en cours, dans laquelle nos dirigeants ont tous directement ou indirectement une responsabilité ( si ils ont décidé de revenir maintenant au cœur de notre métier, n’est ce pas parce qu’à une époque, ils ont souscrit, sans sourciller à toutes les dérives commandées par la seule recherche du profit maximum pour leurs actionnaires ?) la seule question qui se pose est celle de la confiance.

Ceux qui nous ont entrainés dans une telle récession sont-ils les mieux placés pour imposer des choix  à ceux dont ils ont en quelque mois détruit des années d’apport au développement de l’entreprise et à celui de leur carrière. Pour le moins ils pourraient avoir la décence de se remettre en question et de réfléchir à la reconnaissance due aux salariés.


Tché Gars

DESUNION DANS LA SOUPE COLLECTIVE

L’individualisation de la production et de son contrôle se veut un mode de gestion moderniste des entreprises, alliant une part de la rémunération à la performance particulière d’un individu.

Mais ce soi-disant modernisme est vieux comme le monde industriel ; Il renvoie au paiement à la pièce d’une autre époque. Il est tout à fait ringard quand au fait de penser qu’il est un levier de motivation en ignorant tous les freins et les tares d’un tel système.

Car un tel système suppose toujours des procédures lourdes de contrôle et toujours mal vécues, entraine des soupçons permanents d’injustice, transforme le manager en flic dans la vision commune et induit des comportements douteux chez nombre de salariés.

L’individualisation place l’individualisme et très vite l’égoïsme au centre des relations de travail. On constate alors dans les équipes des montées d’agressivité, de jalousie, de parasitage, des attitudes de chouchoutage, des augmentations de blocages et vite de stress. Le chacun pour soi, pour se faire bien voir, pour sa carrière minent lentement l’esprit d’équipe et d’échange sur lesquels s’inscrit la réussite collective. Sans compter qu’à l’examen des résultats, il est difficile de mesurer immédiatement les dégâts réels d’un tel système vis-à-vis de la qualité de service à la clientèle.

En réalité la performance individuelle n’existe que très très partiellement. En effet un salarié n’est performant que parce qu’il s’appuie sur l’amont et l’aval collectifs. Il n’est rien tout seul, rien sans la transmission du savoir des autres, rien sans l’organisation commune. Pourquoi donc rémunérer plus un salarié qui ne fait que son travail, à son emploi donné et dans des conditions offertes par l’ensemble de ses collègues.

L’individualisation n’a pas de bonnes justifications, elle est contraire aux principes de solidarité du mutualisme et à la volonté écrite de rassembler l’intelligence des individus.

A moins que les intentions de l’entreprise soient ailleurs, qu’elle ne recherche que la soumission du salarié à travers son contrôle permanent, l’assise d’un pouvoir sans partage et discussion en créant, par ce système, la division entre les salariés ?

A moins que faute de vouloir rémunérer correctement le travail collectif des salariés, elle choisisse ce mode discriminant pour récompenser quelques uns en maitrisant sa masse salariale au détriment du plus grand monde.

signé : Tché gars